En France, les plaques minéralogiques sont hautement codifiées. Ainsi, depuis leur création, certaines plaques n'ont pas le droit d'exister, en raison de règles rigides établies pour éviter que le propriétaire de sa voiture n'ait l'air d'être un diplomate ou de quelqu'un d'important. C'est pour cela que les plaques 1 WF 34 ou 34 GK 34 n'ont pas eu le droit d'exister. Les plaques de type 1234 SS 34 ou 1234 WC 34 non plus, mais pour d'autres raisons. C'est presque un détail quand on considère que le plus flatteur pour quelqu'un qui lit ces pages serait d'avoir une plaque en "CPC".
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Tas de plaques avec effet subliminal. |
Les plaques à 3 lettres
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Il n'y a pas de petite fierté... |
Les plaques françaises, après le tsunami numéralogique de 1950, ont d'abord été composées de 3 chiffres, 2 lettres, puis 2 chiffres pour le code de département (123 AB XX). C'est rapidement passé à 4 chiffres au lieu de 3 (notamment pour Paris : 1234 AB XX). Et puis ça a tenu longtemps, jusqu'à ce que l'on puisse enfin avoir droit à nos 3 lettres chéries, depuis 1972. D'abord à Paris (encore), dont l'engorgement des immatriculations de l'époque ressemblait à l'engorgement des rues aujourd'hui, puis en Gironde et plein d'autres départements en saturation de demande.
L'ouverture de ces plaques à 3 lettres avait cependant une limite : pour éviter que les plaques ne soient trop compliquées à lire, on limitait alors la plaque à une série de 3 chiffres, de façon que les plaques n'aient que 8 caractères (123 ABC XX). Un peu comme les noms de fichiers sur les disquettes du CPC.
Chers lecteurs, j'ai donc la douloureuse annonce à vous faire : la plaque 6128 CPC xx n'a jamais existé.
Mais rassurez-vous, il reste possible de vous rabattre sur les versions 64k, à savoir le 464 CPC xx ou le 472 CPC xx. Les plus chanceux auront même droit au 664 CPC xx.
Vous connaissez mon goût prononcé pour l'archéologie et la recherche du Graal. Alors j'ai cherché. J'ai arpenté les rues aussi longtemps que j'ai pu, de façon à trouver ce qui restait de ces voitures de légende. Et il en reste quelques unes.
Il n'y a pas de petits miracles.
Les voitures qui ont existé
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Nombre de plaques CPC n'existent plus... |
Si on regarde bien les registres des plaques minéralogiques, on s'aperçoit que tous les départements n'ont pas eu recours aux plaques à 3 lettres. On a donc seulement 26 départements (dont Paris et sa proche banlieue) qui ont eu 3 lettres.
Mais n'imaginez pas que cela suffise. Car les département ayant eu ces 3 lettres n'ont pas tous atteint les 3 lettres "CPC". Certains s'étant arrêtés juste au début, comme la Seine-Saint-Denis stoppant ses plaques à "ATE", ou la région de Nice, s'arrêtant juste un peu trop tôt, à CGE.
N'ayant pas voulu dépenser trop cher en chaussures, je me suis donc limité aux départements ayant atteint un jour le sésame des 3 lettres magiques "CPC". Ce sont les départements suivants :
Isère : DKH 38
Loire Atlantique :
CQK 44 (c'était limite !)
Nord : DMS 59
Région parisienne : RQD 75, FAV 77, FAY 91, FZM 92, EZJ 95
Je me permets toutefois de préciser que ces plaques n'ont pas été utilisées que pour des voitures, mais aussi par d'autres véhicules, comme des motos par exemple. J'avoue ne pas en avoir vu. Peut-être ai-je mal cherché, obstiné que j'étais à regarder les plaques des voitures.
Les voitures qui existent encore
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Toutes les plaques d'immatriculation ne
sont pas forcément sur des voitures... |
Parmi ces 8 départements, cependant, toutes les voitures que l'on pourrait espérer retrouver n'existent pas forcément. Il y a d'une part les voitures qui ont été réimmatriculées, soit en changeant de département, soit en passant aux nouvelles plaques européennes, et d'autre part les voitures accidentées dont on ne parlera plus jamais qu'au passé. Les chances de trouver une traction Citroën immatriculée CPC sont donc plus minces que celles de trouver une Mégane Renault.
J'ai donc arpenté les casses automobiles et les registres (surtout ça en fait, j'avoue), et j'ai découvert que sur les immatriculations ayant théoriquement existé, il n'en restait que 7 appartenant encore aujourd'hui à des voitures.
Je ne vais donc pas vous faire attendre plus longtemps, voilà quelles sont les voitures qui existent encore. Je vous donne tout, la plaque et le modèle de voiture ! Pour la couleur, je vous laisse user vos propres chaussures. Chacun son tour.
Plaque |
Modèle |
464 CPC 44 |
Citroën Xsara 1.8 i (90 cv) |
464 CPC 95 |
Volkswagen VW Polo 75 1.6 (75 cv) |
664 CPC 38 |
Citroën C3 I 1.4 i (73 cv) |
664 CPC 44 |
Renault Clio I 1.2 (58 cv) |
664 CPC 92 |
Peugeot 206 1.4 i (75 cv) |
472 CPC 38 |
Renault Clio II 1.4 16V (98 cv) |
472 CPC 44 |
Audi A4 Avant 2.0 TDI (136 cv) |
On notera quand même la surreprésentation des voitures de Loire Atlantique dans l'échantillon, ainsi que la présence de 2 Renault Clio. Mais encore, on note une sous-représentation de la région parisienne par rapport à ce qu'on pouvait en attendre. Seraient-elles trop vite vendues ou accidentées ? Deux voitures sont allemandes, tout le reste est composé de voitures françaises.
Les plaques européennes
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Les plaques intéressantes n'ont pas toujours eu
la chance de survivre très longtemps. |
Comme je l'ai laissé entrevoir, certaines voitures ont probablement terminé leur parcours avec cette nouvelle plaque européenne. D'ailleurs, beaucoup de voitures naissent aujourd'hui avec une telle plaque (en fait, toutes les voitures immatriculées en Europe). Le problème, c'est que cette plaque ne permet absolument pas de briller en société, en montrant avec panache un sigle CPC. C'est navrant et on admettra que c'est un triste épilogue, peut-être à l'image de la future carrière du CPC, qui ne se ressemblera plus lorsqu'il ne deviendra plus possible de les faire fonctionner que sur des écrans LCD à 60Hz. Mais je digresse.
J'aurais tant aimé vous proposer une solution à ce problème...
AM572AD
Toutefois, les plus acharnés, dont je fais partie, porteront probablement leur dévolu sur d'autres formules, en L337.
On pourra chercher des plaques AM-164-xx (AMIGAxx), par exemple. Je suis au regret de vous apprendre que la plaque AT-421-ST (ATARI ST) n'est plus. Ou plus précisément, elle n'appartient aujourd'hui à aucune voiture. Ce qui peut aussi vouloir dire qu'elle est portée par une moto comme je l'ai dit. Des experts sont bienvenus.
Si au coin d'une rue, vous trouvez la AM572AD, n'hésitez pas à me donner de ses nouvelles, cela me fera plaisir. Elle existe bel et bien, il s'agit d'une BMW série 3 (E90) 320d.
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Voiture de privilégié, toujours en circulation à la parution de cet article. |
Pour bien faire, j'aurais certainement dû étendre mes recherches à d'autres pays, plus compatibles avec l'appelation CPC ou simplement avec des "vrais" mots. Comme la Grande Bretagne ou les USA qui permettent d'acheter des plaques personnalisées. On peut même raisonnablement imaginer qu'Alan Sugar aurait acheté la plaque Amstrad à l'époque. Une telle voiture se vendrait encore plus cher qu'un CPC sur ebay à l'heure actuelle.
Mais là, je pense avoir sufifisamment usé mes chaussures. Je vous le laisse !
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